google-site-verification: googlefcc37dad176fa091.html medecine - LA VERITE : APPROCHE COLLABORATIVE ET CONTEMPORAINE
Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
LA VERITE : APPROCHE COLLABORATIVE ET CONTEMPORAINE

Articles avec #medecine tag

Covid-19 : Du CONFINEMENT au QUESTIONNEMENT - Laurent Vivès

16 Avril 2020 , Rédigé par Laurent Vivès Publié dans #MEDECINE, #CORONAVIRUS

Covid-19 : DU CONFINEMENT AU QUESTIONNEMENT

Laurent Vivès – Praticien Hospitalier – le 25.04.2020

 

Depuis le 17.03.2020 les Français et plus de la moitié de l'humanité sont confinés chez eux pour lutter contre la pandémie "Coronavirus". Les courbes de progression commencent à s'infléchir, les gens s'organisent, sont assez observants, ils "s’habituent", on commence à « déconfiner ». On mesure mieux les conséquences sanitaires, économiques et humaines de cette tragédie.

Depuis la publication de « Coronavirus révélateur de ce que nous sommes », j’ai lu, écouté et échangé. J’ai continué mon activité d’oncologie à l’hôpital ou j’ai pu constater (si besoin était à mon âge) combien les malades ont besoin de nous. Je suis fier de mon équipe et de tous les soignants. L’hôpital est un des derniers lieux ou s’exercent les solidarités, il faut le soigner lui aussi, le préserver.

Travaillant, je n’ai pas été très confiné et je ressens ce privilège par rapport à tous ceux qui ont de dures conditions, de faibles ressources, de petits logements, qui sont seuls, séparés de leurs proches, ou entassés.

Ce confinement donne lieu à beaucoup de commentaires, d’informations, de « webinars », de publications. C’est un moment de communication et de réflexion très intense.

Qu’avons-nous appris pendant ces 6 semaines et quelles questions se posent encore ou apparaissent ?

 

1 - Le confinement :

La moitié de la planète cloitrée chez elle, seul remède contre un petit virus qui échappe à la science. Des populations en souffrance, soit par la contamination et les deuils, soit par la faim, la misère et le désespoir. Les plus pauvres sont les plus touchés, les riches les mieux lotis. Le chômage, la misère, la malnutrition touchent même les USA.

En comparaison les français vivent plutôt bien leur confinement : 87% l’acceptent, et sont prêts à prolonger. 31% souhaitent l’assouplir grâce au port de masques (dont 83% souhaitent le généraliser). De plus il est efficace : selon une étude modélisée publiée par Pascal Crepey de l’HESP, il aurait déjà épargné 60 000 décès en France.

Le psychodrame de la chloroquine les a occupé (80% d’entre eux ont des certitudes pour seulement 20% qui ne se prononcent pas !). L’état paye le chômage partiel et aide les entreprises, la solidarité des français fait honneur au pays. Le confinement est moins drastique qu’en Asie et dans toutes les dictatures. Partout en temps de crise l'autorité se renforce ainsi que les nationalismes et les libertés se restreignent. En France le danger est faible, les citoyens acceptent par civisme et pour protéger le bien commun. Malgré les discussions et polémiques médiatiques, la conscience collective l'emporte.

Ainsi, peut-on s’approvisionner en fleurs et pour le bricolage, les maisons et les jardins resplendissent. Mais il y aussi de la misère et des difficultés pour se nourrir. Les jeunes étudiants sont touchés (petits logements, faibles ressources, solitude). Beaucoup vont aux banques alimentaires. La moitié d’entre eux essaye de positiver et de se « fortifier » pour  l’avenir. Les plus petits se protègent dans l’insouciance de l’enfance.

Les discussions et la réflexion vont bon train, chacun donne son avis, mais la plupart trouvent leur vérité dans ce à quoi ils croyaient avant la crise.

La nature revit, apaisée par la baisse de nos activités malfaisantes. S’il y en était besoin, voici la preuve ultime de nos nuisances envers notre planète.

Il semble que nous portions maintenant un autre regard sur nous-mêmes, surtout ceux qui avaient déjà conscience des dangers liés à nos modes de vie et aux grandes inégalités.

Qu’en sera t’il une fois revenus dans le tourbillon de la vie ? Elle reprendra, probablement lentement avec un déconfinement progressif et hasardeux. La crainte va durer, mère de prudence et de précautions. Le spectre de récidives invasives de SRAS-Cov2 va planer sur nous pour plusieurs années. Nos horizons s’obscurcissent avec la pandémie et la crise économique mondiale dont on ignore l’ampleur et la durée.

Nos repères se brouillent, mais on s’accroche à la vie, l’humanité en a vu d’autres… La plupart d’entre nous attendent, retiennent leur souffle comme au soir d’un « veillée d’armes », dont Claude Corman parle si bien.

 

2 - Le questionnement :

Cette crise est sans précédent, ce qui nous prive de références pour l’analyser et nous réduit à des hypothèses et des conjectures. Néanmoins des questions se posent et doivent être posées, c’est une question d’éthique.

 

A - Le rapport de l’homme à son environnement :

SRAS-Cov2 vient de la ville de Wuan en Chine, près du marché (avec des chauves souris et des pangolins) et de l’institut de virologie.

Au moins 5 hypothèses ont été formulées pour connaitre l’origine exacte du facteur déclenchant, allant de mutations sur 2 ou 3 espèces animales mises en contacts par remaniements des biosystèmes, en passant par un accident contaminant dans le laboratoire de virologie qui travaillait sur Coronavirus et un vaccin contre le SIDA, jusqu’à une importation du virus en Chine par des américains. Il n’y a pas de réponse à ce jour.

Par contre il est clair que nos actions sur la biosphère (déforestations, déconfinement d’animaux de leurs repères ancestraux, réchauffement climatique, élevage intensif, expansion et multiplication des humains dans des zones « sauvages »), ont provoqué et provoqueront des mutations virales via les animaux. C’est un danger connu, déjà éprouvé et qui s’accélère ces 50 dernières années. Malgré des précédents récents (Ebola, H5N1, VIH, SRAS), rien n’est fait pour y remédier.

QUESTION 1 :  Combien de morts faudra t‘il pour que l’homme partage mieux la planète avec la faune ?

QUESTION 2 : Quelles conséquences du drame actuel vont tirer les habitants et les états, en termes d’impact sur les biosystèmes ?

QUESTION 3 : Seront ’ ils capables de se donner les moyens de mettre en œuvre des solutions planétaires efficaces et pérennes à ces problèmes ?

QUESTION 4 : Sommes nous prêts, chacun d’entre nous, à modifier nos façons de vivre et notre rapport à la nature ?

 

B - Le rôle et la place de la science :

La recherche médicale est monopolisée par l’industrie pharmaceutique. Sur les 324 000 essais cliniques enregistrés dans « ClinicalsTrials.gov » en 2019, 256 000 étaient interventionnels dont 83% industriels (lucratifs). Il y a très peu de recherche académique, épidémiologique, stratégique. Les veilles sanitaires sont observationnelles et déclaratives. Les lanceurs d’alertes ne sont pas entendus. L’O.M.S. n’a presque pas d’inspecteurs prospectifs sur le terrain, et lorsque des risques sont identifiés, elle n’a pas les moyens d’y remédier.

La science est aux mains des industriels. Les budgets de recherche publique se réduisent, les chercheurs sont mal payés. Les grandes firmes ont leurs propres laboratoires, ou achètent les start-up. Ils produisent des molécules chères et efficaces et versent des dividendes conséquents. Ainsi des malades voient leur espérance de vie s’allonger.

Mais devant une pandémie la science est muette, les morts s’accumulent et le contraste est frappant, désarmant. Aucun traitement actif, la meilleure arme est le confinement, mais à quel prix !

La recherche clinique montre ici ses limites, empêtrée dans une méthodologie mécanique, peu inventive, répétitive. La longue litanie des mêmes essais cliniques enchainés sans fin. Ici, il y a urgence et on ne sait pas faire. Les médecins ont perdu l’imagination, ils sont devenus des machines.

La science doit se renouveler, se réinventer, trouver d’autres cibles, d’autres priorités. La microbiologie et la génétique ont beaucoup aidé, mais on a délaissé la recherche pour une santé globale, ayant trait à l’homme et à son environnement, aux facteurs de risque individuels et collectifs. L’intrication entre les lieux et les niveaux de vie, l’impact sanitaire des conditions climatiques, du travail, des déplacements, de l’alimentation, des migrations, de la faune, sont peu investigués. N’ayant que peu de données solides dans ces domaines, les scientifiques ne sont pas entendus, voire silencieux. SRAS Cov2 en est la preuve. On vulgarise l’information médicale, les journalistes et les experts parlent, et peu de monde cherche dans des domaines non lucratifs.

Mais combien va coûter cette pandémie ? De quoi payer des chercheurs et des enquêteurs par milliers, de thésauriser des données observationnelles mondiales et d'alimenter le deep-learning des intelligences artificielles.

Cela passe par une réorientation de la recherche vers les problématiques de santé à l’échelle planétaire, dans un « global assesment » des répercutions des activités humaines sur la santé. Nous avons des moyens humains, techniques et organisationnels énormes. Des recherches translationnelles existent déjà, la recherche clinique est mondialisée, la télématique annule les distances, tout est prêt pour que l’O.M.S. (ou une autre instance à créer) puisse initier des veilles sanitaires prospectives anticipatives et déclencher des alertes avant les catastrophes. Encore faut ‘il que les états fassent de la santé et du bien être une priorité intangible…

QUESTION 1 : à quoi sert la science ?

QUESTION 2 :  devons nous laisser la quasi-totalité de la recherche médicale mondiale aux mains de l’industrie privée ?

QUESTION 3 : faut ‘il faire une confiance aveugle aux scientifiques qui ont des liens d’intérêts avec l’industrie pharmaceutique ou de grands groupes privés ?

QUESTION 4 : la « santé pour tous » peut ‘elle devenir une priorité pour notre monde protéiforme et désuni ?

QUESTION 5 : doit-on changer le paradigme « pour une science triomphante »,  qui est maintenant démunie devant COVID-19 ?

 

C - Le partage et la solidarité :

SRAS-Cov2 ne tue pas tout le monde, il frappe surtout les personnes âgées et/ou déjà faibles et malades. Avec la crise économique, il va tuer indirectement des pauvres gens et générer beaucoup de souffrances et de difficultés, surtout dans les pays peu développés. Comment seront ‘ils aidés, secourus ?

En France l’état répond présent, il y a une tradition de solidarité nationale qui est honorée. Les pays occidentaux auront les moyens d’éviter le pire, mais le coup sera dur, il y a urgence. Déjà en piteux état, l’Afrique va affronter le pire, des morts lointains qu’une Europe en difficulté aura du mal à secourir. Ne comptons pas sur les USA. La Chine ne fait rien pour rien, elle est déjà dans le fruit et va mettre la main sur ce continent à la dérive. Elle en aura besoin car le commerce et les industries mondiales vont se relocaliser, pour récupérer une indépendance stratégique et limiter le désastre écologique des transports de marchandises.

Une organisation mondiale efficace et puissante serait la bienvenue pour mettre un terme à ce désordre des priorités nationales (« America first » !). Nous sommes dans des rapports de force, des affrontements, des invectives, des détestations alors que l’on compte les morts par milliers, que nos certitudes s’effondrent et que l’avenir s’obscurcit. La mondialisation existe, mais le mondialisme va reculer derrière les nationalismes et les peurs que la crise exacerbe. De plus l'enracinement est souhaitable comme repère fondateur et source de diversité.

Pour autant, le monde a bien besoin de se retrouver, de se rassembler, de s’entraider, mais "solidarité et partage" ne sont pas des attributs dominants chez Sapiens !

QUESTION 1 : la solidarité internationale va-t-elle s’exercer ?

QUESTION 2 : les citoyens des états nations vont ‘ils se sentir un peu plus citoyens du monde devant ce problème mondial ?

QUESTION 3 : la connaissance que nous avons des pays étrangers et les brassages de populations vont ‘ils continuer à se développer ou au contraire allons nous fermer les frontières sur une peur de l’autre et un repli identitaire ?

QUESTION 4 : le retour souhaitable des relocalisations d’activités va-t-il enterrer l’utopie mourante de l’O.N.U. au profit de fédérations de proximités ?

QUESTION 5 : l’humanité est ‘elle définitivement condamnée aux divisions, aux conflits et aux égoïsmes ?

 

D - Changer le monde :

Le confinement crée l’appauvrissement, la crise économique et du malheur. Cependant, probablement qu’il nous sauve. Va-t-il aussi nous sauver de nous-mêmes de ce que nous sommes ? Notre essence demeurera, notre forme changera. Toute expérience nous transforme, nous restons nous-mêmes, mais changeons tout le temps. Vivre nous façonne, et nous nous perdons un peu entre les aléas du quotidien et notre propre kaléidoscope. Confinés, beaucoup ont du prendre le temps de réfléchir un peu, d’échanger, se documenter, se changer les idées (sans voyager pour une fois : un voyage à l’intérieur de soi même).

Que voulons-nous ? Être heureux, vivre bien et longtemps, en sécurité, dans l’amour et la paix. Cela ne suffit pas pour certains : il faut consommer, posséder, amasser, conquérir, dominer.

Ainsi grossièrement il y a 4 sortes de gens :

  • Les possédants : ceux qui sont riches, très peu nombreux, héritiers, grandes fortunes, financiers, rentiers.
  • Les opérateurs : ceux qui font, entreprennent, inventent, imaginent, créent, entrainent avec eux, commandent, prennent des risques, dominent. Ils peuvent devenir riches, célèbres, gouvernants, leaders.
  • Les consommateurs : ceux qui consomment, vivent de leur travail, possèdent peu, exécutent, ne dominent pas, n’exploitent pas, payent des impôts, votent, respectent la loi, élèvent leur enfants, aiment leur famille, vivent simplement. Mr et Mme « tout le monde ».
  • Les pauvres : ceux qui n’ont rien, qui ont besoin d’aide, ou tout juste de quoi vivre, en dessous du seuil de pauvreté. Chez nous il n’y en a pas beaucoup, mais leur nombre augmente avec les migrants et réfugiés. 11% des humains sont en dessous du seuil de grande pauvreté et 40% vivent avec moins de 150 Euros / mois.

Les riches ne veulent et les pauvres ne peuvent pas changer le monde. Les opérateurs pourraient, mais pour l’instant ils veulent le dominer. Les consommateurs veulent vivre tranquilles, consommer, profiter.

Qui veut changer le monde ? En fait très peu de gens, des utopistes, des agités, des mécontents. Ceux qui ont assez se satisfont.

Le monde ne peut donc pas évoluer, du moins tant que les consommateurs auront à peu près ce qu’il faut. De plus l’histoire des révolutions n’est pas une « succès story » : des fiascos, de la violence, des dictatures.

Sommes-nous à la fin d’un monde, dans une décadence ? Beaucoup pensent que oui, mais ne font rien. La politique ne peut pas changer les choses. Covid-19 peut ‘il les faire bouger ? La Chine et l'Asie du Sud Est ont bien surmonté et redressent la tête, rêvant d'un nouvel ordre mondial à leur merci. La bas l'état est fort, les gens obéissent, ils pourraient avoir beau jeu face a Donald Trump hystérique et imprévisible et une Europe divisée, peu solidaire. Heureusement, l'Allemagne "tient le coup". Elle a l'opportunité de rassembler et de marier solidarité sociale et efficacité économique.

Pour le moment les gens souhaitent être déconfinés, observer les règles, passer le cap et reprendre leurs activités. Se retourner contre les gouvernants ne donnera rien : des erreurs, des maladresses ont eu lieu, mais il faut considérer ici les biais cognitifs, communs à tout le monde. Juger par anticipation une situation inédite est très difficile, car nous raisonnons par analogie ou par expérience. Il n’y pas que les politiques qui se sont trompés : de très grands épidémiologistes américains ont sous estimés d'un facteur 7  les contaminations sur une prévision à 10 jours. Nous sommes plus forts pour juger après, qu’avant. De plus, mis à part l’Allemagne, la plupart des pays d’Europe de l'Ouest ont d’aussi piètres résultats et ont été pris de court.

Une chose est certaine, cette épreuve doit nous inciter à beaucoup de modestie et nous ramène vers l’incertitude que nous avions abandonnée ces derniers temps, devant les succès de la science.

QUESTION 1 : le monde peut ‘il changer à l’occasion de cette crise ?

QUESTION 2 : comment et pourquoi le monde devrait changer ?

QUESTION 3 : notre civilisation est ‘elle décadente ?

 

E – Conclusion : est ce à désespérer ?

En tant que médecin j’aime mes malades et j’aime la plupart des gens. J’ai de l’empathie, je souffre quand ils vont mal et ma plus grande joie c’est de les guérir ou de les améliorer. Ma vie a tourné autour de la médecine, comme pour beaucoup de mes amis. Je ne suis pas désespéré, je crois en l’homme, cet animal social qui m’a procuré bien des joies.

Nous avons ouvert notre 2° blog pour accueillir des contributeurs, il se trouve qu’à travers leurs 3 articles je ressens bien ce qu’est l’être humain :

- Claude Corman a du ressenti, une vision, de la finesse et une profondeur. Il constate, déplore, s’inquiète, imagine le pire, mais se prépare à une veillée d’armes, au fond c’est un battant.

- Paul Léophonte nous régale avec les maestros du miracle Toscan : l’art sublimé, le meilleur, le plus beau. L’homme est parfois capable de très grandes choses et digne d’admiration. Il y a encore des talents sur notre vieille planète !

- Bernadette Guiard nous séduit par sa sérénité, sa poésie, sa philosophie apaisée mais incitante au changement, vers notre plus profond, en harmonie avec la nature, dans le respect et l’altérité.

Entre le pressentiment du pire, la beauté et la sérénité apaisée, le choix est Cornélien. Je choisirai bien la 3° pour ma fin de vie.

 

QUESTION : Est ce une utopie ?

 

CORONAVIRUS PANDEMIE COVID 19 CONFINEMENT QUESTIONNEMENT

 

Lire la suite
<< < 1 2 3 4 5 > >>