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LA VERITE : APPROCHE COLLABORATIVE ET CONTEMPORAINE

CORONAVIRUS (Covid-19) REVELATEUR DE CE QUE NOUS SOMMES

8 Avril 2020 , Rédigé par Laurent Vivès Publié dans #MEDECINE, #CORONAVIRUS

CORONAVIRUS REVELATEUR VERITE ETHIQUE LIBERTE NOUS SOMMES
 
CORONAVIRUS (Covid-19) :
REVELATEUR DE CE QUE NOUS SOMMES
des VÉRITÉS vers la VÉRITÉ
Laurent Vivès - (Praticien hospitalier - Cancérologue Interniste) - 8.04.2020

La pandémie est là, imprévue, brutale, expansive, inquiétante, perturbante. SARS-CoV2 remet en cause notre sécurité, notre bien être et peut être nos conceptions de l’existence. La confrontation à cette épreuve est déjà révélatrice de quelques vérités sur notre monde et nous amène à regarder ce que nous sommes.

 

1 . L’histoire de l’humanité est jalonnée de périls, de catastrophes, de guerres et d’épidémies :

De grandes épidémies ont frappé l’humanité après l’apparition de l’agriculture et de l’élevage. Parmi les plus meurtrières, citons la Peste, le Choléra, la Variole, la Grippe et le SIDA ( VOIR LE TABLEAU)

Après les épidémies, dans l’antiquité et le Moyen âge, des violences ont eu lieu (1). Des malades ont été mal traités, ensevelis. On a recherché des boucs émissaires, accusé les lépreux, les païens, les juifs, les gitans, etc... Les Grecs ont tué un tiers des habitants d’Athènes, qu’ils ont livrée ensuite aux Spartiates. La peste Justinienne est arrivée à Marseille par bateaux pleins de cadavres venant de Turquie. Les Amérindiens ont été décimés par la variole apportée par les conquistadors. Le chaos, les égoïsmes, le délitement social prévalaient. Plus près de nous, lors de l’épidémie du SIDA, les patients étaient mal vus, évités, victimes de ségrégations qu’ils ont dû combattre en s’associant. L’humanité a donc connu de nombreuses et graves épidémies, qu’elle a surmontées. Les plus forts ont survécu, des changements s’en sont suivis, sans beaucoup améliorer la nature humaine, semble t’il.

 

2 . Qu’est ce qu’un virus ? 

 

Il y a plus de 3 milliards d'années, l’océan chaud contenait des molécules en perpétuelle inter action. « Luca » (Last universal common ancestor) aurait dominé, sa descendance couvrant, les trois royaumes du vivant. Face à sa force multiplicatrice, toutes les autres lignées de protocellules ont périclité et disparu, sauf celle des virus (d’après Gustavo Caetano-Anollés et Arshan Nasir : laboratoire de bio-informatique évolutionnaire - Université de l'Illinois), qui sont les descendants directs, non de Luca, mais de cellules concurrentes (2)

 

Dans un premier temps, les ancêtres des virus seraient devenus des parasites de Luca, détournant la machinerie cellulaire. Ils auraient ensuite continué à se simplifier jusqu'à se reposer totalement sur la machine moléculaire de leur hôte, perdant les attributs des êtres vivants (capacité à dupliquer soi-même son information), ne conservant que le strict nécessaire pour mettre les cellules à leur service et se disséminer.

 

Les virus ne sont pas des cellules. Ils sont très petits (0,0001 millimètre en moyenne), comportent des brins d’ADN ou d’ARN, peuvent avoir une forme extracellulaire (constitués au minimum d'un acide nucléique, souvent englobé dans une capside de protéines), ou une forme intracellulaire (quiescente, ou active au profit de sa réplication). Ils sont partout sur la planète, recouvrant les océans ou ils accélèrent l'absorption de carbone des algues, contribuant à purifier l'air que nous respirons. Sur 5000 espèces décrites, seules 130 environ sont pathogènes pour l’homme. Beaucoup sont inoffensifs, et contribuent à notre santé en régulant l’activité de nos bactéries colonisantes (biotope). Ce sont des agents infectieux nécessitant un hôte (animal, humain). Ils pénètrent le génome humain, pouvant donner lieu à des cancers (virus oncogènes). Les virus infectants peuvent provoquer une immunodépression de leurs hôtes. On estime que notre génome est en partie le résultat de mutations induites par les virus.

 

Nous avons donc des relations, intimes et durables avec les virus, qui font partie de nous comme collaborateurs biotopiques et agents partiellement constitutionnels de notre génome.

 

 

3. Quels sont les facteurs qui nous ont conduits à la situation actuelle ?

 

VOIR LE TABLEAU

Des épidémies il y en a eu et il y en aura, d’autant plus que, de par nos activités nous modifions notre environnement, nous sommes plus nombreux, entassés dans des villes, des transports bondés, des lieux de rassemblements. L’aviation fait du monde un village ou des virus lointains se propagent très vite. Ces agents sont polymorphes, multifonctions, mutent sans arrêt. Nos défenses immunitaires ne sont pas infaillibles, affaiblies par des maladies et leurs traitements, les comorbidités, la malnutrition, et le grand âge. La recherche clinique, dominée par l’industrie pharmaceutique et les dividendes versés aux actionnaires, délaisse les maladies rares, l’épidémiologie et la santé publique. Les veilles sanitaires descriptives sont peu prédictives, surestimant les risques, comme pour la grippe aviaire, ou ne voyant rien venir comme maintenant.

Plus grave, la réponse au Coronavirus n’a pas été adaptée à l’urgence.

Elle est inhomogène, et surtout lente, désorganisée, approximative, non professionnelle de la part de beaucoup d’états. On voit aussi la faiblesse de l’organisation mondiale, la pauvre solidarité, le manque de coordination et de concertation. Ceci est bien décrit dans le papier de Alain Bertho (4)

L’organisation du monde n’est pas adaptée pour répondre à des problèmes mondiaux et urgents comme une pandémie : l’ONU n’a aucun pouvoir, l’OMS décrit et recommande, mais chacun, chez lui, fait ce qu’il veut. Les dirigeants sont pour la plupart dépassés et beaucoup de populations peu observantes. Seuls quelques pays asiatiques semblent avoir mieux surmonté la situation, avec une organisation, des moyens adaptés et une collectivité coordonnée et contributive. Les pays occidentaux comme la France, l’Italie, l'Espagne, le Royaume Uni, les USA payent un lourd tribu, victimes de tergiversations (transports et rassemblements autorisés, manque de masques et de solutions alcooliques, etc.), des voies dissonantes parmi les experts médicaux et du manque de clairvoyance des politiques. Beaucoup de paroles, de disputes, mais peu d’efficacité. On doit maintenant recourir aux dons, au bénévolat, aux solidarités individuelles, au courage et à l’abnégation des soignants.

 

4. Que sommes nous ?

L’univers, le cosmos est un tout, cohérent et organisé, dont nous faisons partie. Le réel absolu nous est peu accessible. Nous en percevons ce qui nous apparaît comme la réalité. La science, mais avant elle, les grands penseurs comme les pré-socratiques, Giordano Bruno, Spinoza, nous amènent à penser que l’existant se construit à partir de la plus petite particule indivisible (la monade de Bruno, ou un quantum infiniment petit), constituant unitaire matériel, mais aussi vraisemblablement doté de capacités immatérielles (envie ? force ? sensibilité ? prédestination ???), que Spinoza nomme le « Conatus », qui amène chaque forme diverse créée à partir des monades, à garder son identité et à se développer vers le mieux pour elle. Il en va ainsi des minéraux, des végétaux et animaux et peut-être des liquides et des gaz. L’univers, dans un déterminisme constitutif, laisse l’évolution se faire au gré des aléas (explosions, télescopages, mutations, adaptations, luttes et conflits, décompositions et renaissances, trous noirs, etc..).

L’homme se situe au bout de cette évolution connue de nous, fruit d’une longue histoire. Il est la forme la plus aboutie de la vie sur terre, par la faculté de différenciation temporo-spatiale de sa pensée (l’imaginaire). Prédateur invétéré, il a conquis la planète, détruisant nombre d’espèces, bouleversant l’équilibre de l’écosystème, finissant par se mettre en danger par les dégâts qu’il a causé sur son environnement.

Capable du pire et du meilleur, animal social devenu citadin, il a perdu le lien avec la nature et le sens de ce qu’il est vraiment. La généralisation de la société marchande basée sur le profit et les biens de consommation, l’amène à faire prévaloir les intérêts individuels (et/ou privés) sur les intérêts collectifs et le bien commun. Consumérisme et hédonisme sont ses principaux moteurs, au détriment de l’incertitude et de la réflexion.

La science, la technique, l’hyper-connexion, et l’hyper-information lui donnent un sentiment de puissance, une assurance et l’inconscience de ces limites ("No Limits").

Coronavirus nous rappelle que nous sommes pénétrés, traversés, mélangés, conditionnés par notre environnement, et que nous sommes fragiles et modifiables. Nous croyons nous connaître mais nous évoluons, nous changeons : c’est le principe de l’impermanence. Une maladie, un accident, un deuil, des rencontres, des révélations peuvent nous transformer, ainsi que l’âge et l’expérience. Nous essayons d’oublier notre condition humaine de mortels et de précarité, mais cette épidémie nous y renvoie.

Devant ce drame chacun réagit à sa façon : peur et protection excessives, fuite des sujets contacts, mais aussi, imprudences et inobservance, droit de retrait non fondé, fuite des villes, peur de manquer. Ce qui semble arriver maintenant, c’est la générosité et la solidarité. Le confinement est plus ou moins respecté malgré l’augmentation spectaculaire des sujets infectés et des décès. Les gens s’entraident, (mais beaucoup sortent), les soignants et tous les aidants sont admirables. Pour ce que je suis amené à en connaître en allant travailler à l’hôpital, faire mes commissions et à travers mes contacts personnels, je vois des dysfonctionnements : distances non respectées dans les magasins, beaucoup de voitures sur les routes, peu de policiers, masques sommaires ou absents ou mal utilisés.

Les réseaux sociaux, les médias, les blogs sont « bouillants » : profusion d’informations, sans tri, parfois sans importance, multiplication des sources, des intervenants, manque d’originalité, ou au contraire avis farfelus, complotisme, conseils et recommandations non étayés. Il y a aussi l’humour, des poèmes, un peu de réflexion et de sagesse, qui circulent, comme si quelques talents cachés, ou âmes nobles trouvaient là l’occasion et le courage de s’exprimer (5). Par ailleurs, on est frappé par le quasi silence des autorités religieuses (une prière du Pape confiné, des recommandations du conseil théologique musulman de France) et par la rareté de penseurs référents. Edgard Morin à 90 ans est plein de pertinence, de sagesse et de bon sens. Il nous rappelle le poids de l’incertitude et nous ramène vers plus de modestie. (6)

Ce que nous vivons est inédit dans l’histoire de l’humanité : pas l’épidémie, les errances ou approximations, pas la solidarité, pas la mondialisation. Ce sont la vitesse fulgurante de la propagation du virus et l’instantanéité des informations et réactions sur internet et dans les médias, qui nous font vivre l’évènement en direct dans le monde entier et découvrir beaucoup de choses sur nos voisins, ou des pays lointains, à l’aune des leurs réactions à cette épreuve. La « communauté mondiale » est en effervescence et nous faisons tous connaissance les uns des autres. L’avenir nous dira si les gens vont acter l’expérience et en tirer des conséquences personnelles et collectives.

Les états et institutions : à observer les chiffres quotidiens il y a des inégalités entre les pays, à tempérer cependant, car les mesures varient (quel est le niveau d’exhaustivité et de sincérité du recueil des données ?). La Chine, que certains se sont empressés de louanger, pourrait avoir manipulé les chiffres (7) : elle en a les moyens, car ce n’est pas encore un exemple de liberté d’expression et de pluralisme médiatique. Certes elle s’est activée, a confiné, isolé, masqué, soigné, publié, contraint et réprimé. Personne ne saura jamais la vérité des chiffres qu’elle a publiés. L’OMS n’a aucun moyen de les vérifier.

Cette pandémie révèle des disparités de réactions des pays : au début dans l’estimation du danger, et aussi dans les errances sur « l’immunité collective », puis dans les systèmes de soins (matériel et équipements en lits de réanimation). L’Allemagne se distingue pas un taux de mortalité très faible. Elle dispose de 3 fois plus de lits de réanimation que la France et l’Italie, elle a testé beaucoup de personnes et fabrique ce dont elle a besoin. Les certificats de décès y sont renseignés différemment. Il est trop tôt pour expliquer.

Manifestement, Donald Trump, le libéralisme, l’individualisme, la richesse ne protègent pas très bien contre le Coronavirus. Les USA, l’Italie, l’Espagne et la France comptent le plus de décès. La Hollande, la Belgique, la Suisse, le Royaume Uni, sont moins impactés (pour le moment), alors que l’Australie, le Canada, Israël, le Brésil et la Suède semblent protégés. A noter que les Suédois se refusent au confinement et que la Corée du Sud a surmonté le danger.

Les systèmes sociaux sont aussi révélés. Ainsi aux USA, pays riche, beaucoup de pauvres gens pourraient mourir de dénutrition. La drogue y fait aussi des ravages. Avec le Royaume Uni, ils se distinguaient déjà par une diminution de l’espérance de vie. On y voit une explosion du nombre de personnes infectées. L'humanité a surmonté des épreuves plus rudes. L’âpreté du capitalisme ne suffira probablement pas. Les systèmes avec une culture de protection sociale et de solidarité seront plus aptes.

Rôle de l’industrie pharmaceutique : « à défaut d’incitations supplémentaires, le coronavirus risque bien de se retrouver sur la longue liste des problèmes de santé auxquels l’industrie a tourné le dos » - Ellen‘t Hoen, spécialiste de la santé mondiale. Les grands laboratoires (via le LEEM) se targuent de faire de grands efforts pour lutter contre la pandémie : tests, recherche de vaccins et médicaments, dons de matériel (dans des proportions dérisoires : quelques milliers de masques, des centaines de litres de solution alcoolique). Pas de gros dons alors qu’ils sont richissimes.

Rôle du corps médical, des experts, des chercheurs : on ne peut pas passer sous silence le Pr Didier Raoult, éminent chercheur, combattant, entrepreneur mais dont le look et la personnalité compromettent le discours. Il s’est ainsi trouvé beaucoup d’experts pour le critiquer. C’est facile de critiquer ce que font les autres quand on est devant une caméra de télévision, alors que soi même, on n’a rien entrepris. J’ai lu son article tant pourfendu : la méthodologie est rustique, mais robuste. Prélèvement quotidiens dans 3 groupes de malades (témoins, hydroxychloroquine seule et associée à Azythromycine). Clairance complète des virus nasaux à 5 jours dans le groupe 3. Des courbes claires, mais des perdus de vue, des passages en réanimation. Le but de l’étude n’était pas la guérison des malades, mais de voir si les prélèvements se négativaient. Tous les essais cliniques sont critiquables, comme toute vérité est réfutable, ça fait partie du jeu de la science (Karl Popper). En cas de crise on peut être moins orthodoxe, et avoir le courage d’entreprendre. Cependant les scientifiques doivent abandonner les éthiques de conviction pour adopter une éthique de responsabilité (Jean-Gabriel Ganascia - CNRS - (8)

Le Plaquenil n’est pas plus toxique que la plupart des médicaments. Au stade précoce de la contamination par SARS-Cov-2, il peut contribuer à stériliser les sujets contacts et peut-être éviter le passage vers la phase des dégâts tissulaires irréversibles, mais le rapport risque-bénéfice individuel, n’est pas clair pour les sujets peu symptômatiques (cardiotoxicité de l’association à l’Azythromicile et sujets peu menacés). Sous la pression populaire, la France a autorisé l’hydroxychloroquine seule, dans le 4° bras de l’essai Discovery, et surtout en pratique quotidienne chez les patients sévères. C’est stupide. Voilà un exemple de psychodrame non contributif et d’incompétence des autorités, dépassées par une opinion publique exacerbée, qui se rue désespérément sur cet espoir, avec pour conséquence des automédications dangereuses et des escroqueries sur internet.

Les médecins et soignants font honneur à leur métier. Beaucoup ont déjà payé de leur vie leur dévouement, alors que les experts sont dépassés et la science impuissante à trouver un remède efficace.

 

5. Responsabilités individuelles et collectives :

Dans nos démocraties occidentales on met beaucoup l’accent sur les responsabilités des institutions et de ceux qui les dirigent. Les politiques sont beaucoup contestés. La Vérité y est noyée, dans un climat de croyance, de propagande, de fake news, de langue de bois politique, de manque de sérieux généralisé (9).  On voit aussi que l’Europe est critiquée, en particulier par les Italiens et les Espagnols. La crise remet à jour les faiblesses de cette institution au statut bancal entre la gestion de l’économie libérale et le délaissement des problèmes sociaux et sanitaires. Les états ne sont pas solidaires, certains  citoyens se sentent abandonnés.

On peut s’interroger sur la responsabilité des états envers l’ensemble de l’humanité. L’absence de veille sanitaire efficace, la tolérance de facteurs favorisants pour des pandémies (animaux déplacés, remaniés, contacts insalubres avec les hommes, touristes non prévenus de ces danger, bouleversements d’écho-systèmes et d’équilibres biologiques (3) etc..) créent des dangers planétaires comme Coronavirus. La déforestation en Amazonie, les monocultures extensives sont aussi dangereuses et impactent la mondialité. Pour le moment il n’y a pas de tribunal pour demander réparations et inquiéter les négligents ou les impétrants. La Chine a déjà réagi et interdit ses marchés d’animaux vivants.

Dans les secteurs publics, l’administration est pyramidale, les responsabilités diluées, les agents croulent sous les directives et les contraintes. Les hôpitaux publics en souffrent. Déjà sacrifiés sur l’hôtel de la rentabilité et empêtrés dans une gestion déconnectée des réalités soignantes, ils sont maintenant submergés, au bord de l’asphyxie, tenant par le seul sens des responsabilités individuelles des soignants.

A l’inverse on assiste à des comportements indignes : vols de matériel médical, ventes illégales d’hydrogel, contrefaçons, etc… La pandémie connait ses profiteurs de guerre, mais aussi des menteurs, des fauteurs de troubles que rien n’arrête. Agir ainsi est encore plus grave aujourd’hui.

Chaque citoyen a des droits et des devoirs. Être homme c’est être responsable disait A. de Saint Exupéry.

 

6. Libertés individuelles et contraintes collectives :

En France, nous sommes très attachés à nos libertés, chèrement acquises. Elles sont le symbole de l’Occident. « Ne touchez pas à mes libertés ». Pourtant chaque liberté s’arrête ou commence celle du voisin, et nous ne sommes pas vraiment libres : travailler, nourrir sa famille, s’habiller  correctement, respecter son prochain, prendre soin de soi et de ses proches, nettoyer etc… Le confinement est venu les contrarier.

Coronavirus nous oblige à se restreindre, à obéir, à observer. Il s’impose à nous, nous contraint, et nous l’acceptons. Voilà un petit stage de modestie et d’incertitude qui nous fera le plus grand bien au final. Car à force de libertés, nous allons partout, achetons des produit empaquetés dont des emballages qui vont finir dans les océans, remplissons des décharges gigantesques de déchets (dont certains pourraient encore servir). Nous sommes libres de voyager, de polluer, de dégrader notre environnement, de réduire la biodiversité, de remanier la faune, de bouleverser les écosystèmes et de créer les conditions de mutations de virus qui vont coloniser des animaux avant de venir nous infecter.

Les sociétés orientales intègrent plus de contraintes sociales dans leur mode de vie. L’histoire de ces pays (empires, puis communisme pour certains) n’est cependant pas celle de la liberté et très peu celle de la démocratie. Ils polluent aussi beaucoup, sont surpeuplés, confinés, et ont peu d’intimité.

Covid-19 est un cas de force majeure et impose à chacun des restrictions sévères car il y a péril. Mais les trains qui ne circulent pas, les arrêtés municipaux qui balisent la vie collective, sont aussi des restrictions de libertés. Si les voyages en Chine avaient été interdits dés les premiers jours, la pandémie aurait eu probablement moins d’impact.

Attention au mythe des libertés, qui mal utilisées, nous ont conduit pour partie ou nous sommes.

 

7. Éthique collective et bonheur :

 Le confinement peut être aussi un moment pour se retrouver, soi même, sa famille, faire une pause dans notre vie frénétique entre le travail, les études, les sorties, le sport, les activités, les déplacements. Savoir qui nous sommes, d’où nous venons et ou voulons nous aller. Retrouver un peu de sens à l’existence. Calmer son angoisse existentielle par la réflexion et la maitrise de soi.

L’éthique est à la mode, il y a partout des comités d’éthique, nous allons avoir une loi de bioéthique médicale, le commerce est éthique. Mais qu’est ce que l’éthique ? Les définitions ne sont pas claires entre la morale, les valeurs, les règles de conduite, la conscience, les accords de personnes ou de groupes. La peine de mort n’est pas éthique dans beaucoup de pays, mais autorisée dans d’autres. L’homosexualité ne pose plus de problème, alors qu’au début du 20° siècle c’était un délit grave.

Pour nous, l’éthique et la vérité se rejoignent et ont une dimension horizontale et verticale entre immanence et transcendance. Définir des règles en comités peut servir pour éviter des dérives vers les transhumanismes, les clonages, ainsi que pour conserver une maîtrise humaine de la technologie et de la science et faire valoir le principe d’équité.

Mais, l’éthique est aussi ce qui à trait au soi et à son environnement, avec la conscience d’appartenir tous à l’univers, à la planète et à la petite matière organisée qui nous à donné naissance. Il n’y a pas de « surhommes », nous sommes tous constitués de la même substance avec son essence, son identité (que les virus ont peut être modifié). Et c’est dans ce rapport entre le soi et l’environnement que l’éthique et la vérité agissent comme une tension vers le meilleur de nous-mêmes (le Conatus de Spinoza). Cela suppose de savoir ce que nous sommes, de respecter et connaître son prochain, mais aussi le monde dans lequel nous vivons, dont nous faisons partie, mais qui ne nous appartient pas. Lui est nous et nous sommes lui.

L’éthique et la vérité sont liées et interdépendantes : pas d’éthique sans vérité, pas de vérité sans éthique. Cela ne veut pas dire que la vérité soit éthique, mais qu'il n’est pas éthique de se passer de la vérité, et que sa recherche doit se faire de façon éthique.

Est-ce éthique de défigurer la planète, de détruire des espèces animales, de pratiquer la pêche industrielle, de déforester, de déverser des acides dans les rivières, des gaz toxiques dans l’atmosphère, du pétrole dans les océans, de s’enrichir en vendant des médicaments ou des armes, d’avoir des misérables et des fortunes immenses, des pays affamés et d’autres opulents ?

Est-ce éthique d’ignorer ces vérités et de continuer comme si rien n’était ? Nous avons tous une part de responsabilité dans ce que nous sommes, et je « m’inclus dans ce tous ».

Et le bonheur ? Posséder, amasser, toujours plus. Des envies, de nouvelles tentations suscitées par la publicité des vendeurs, qui, une fois satisfaites nous laisseront frustrés jusqu’à la prochaine. Une course en avant pour calmer notre angoisse existentielle.

Le bonheur commence par la paix, la sérénité, le sentiment de bien être. Il est éphémère, mais peut se trouver à tout moment. C’est aussi ce qui survient après un effort, un succès, une récompense. Il est plus fort partagé, si possible dans l’amour.

Il est aussi influencé par le pays dans lequel on vit comme en témoigne la carte ci dessous

Bonheur CORONAVIRUS COVID 19 REVELATEUR CE QUE NOUS SOMMES
Carte mondiale du sentiment de bonheur selon les nations

Coronavirus n’est pas un agent de bonheur actuellement, c’est une rude épreuve que nous devrions surmonter. Peut-être que chacun voudra oublier et reprendre sa vie comme avant. Pour les personnes décédées c’est trop tard, pour leurs proches ce sera très dur.

EN SYNTHÈSE : toutes les grandes crises sont révélatrices de ce que nous sommes. C’est dans la difficulté que les Vérités apparaissent. Avec Covid-19 le grossissement de la loupe est plus fort, braqué sur un monde en perte du sens et fâché avec la vérité, la solidarité et la gestion planétaire éthique et cohérente. Chacun pense avoir raison et renvoie les responsabilités vers les autres. Or, nous avons tous une part de responsabilité dans ce que l’humanité est devenue, et nous ne pouvons pas nous en absoudre. Nous sommes acteurs de notre réalité, elle ne nous est pas imposée. Les choses pourront changer si chacun le veut, en vivant plus en accord avec nous-mêmes et la nature, en redevenant modestes et incertains, en partageant et en se respectant. 

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MES SOURCES :

1 - De la peste au coronavirus : 7 choses à savoir sur l’histoire des épidémies. Les épidémies concernent l’histoire récente de l’humanité. Voici quelques faits et épisodes marquants de cette longue histoire. François Reynaert – 22.03.2020 - l’obs - /coronavirus-de-wuhan/20200322.OBS26421/de-lapeste-au-coronavirus-7-choses-a-savoir-sur-l-histoire-des-epidemies.html

2 - Origine des virus : le nouveau scénario. Román Ikonicoff - Science et vie - 15.10.2018 - https://www.science-et-vie.com/archives/origine-des-virus-lenouveau-scenario-39654

3 - Covid-19 ou la pandémie d’une biodiversité maltraitée. Philippe Grandcolas et Jean-Lou Justine - Science et vie - 23.03.2020 - https://www.science-et-vie.com/paroles-d-experts/covid-19-ou-la-pandemie-dune-biodiversitemaltraitee-55073

4 - Crise sanitaire, faillite politique. Alain Bertho - Blog Médiapart - https://blogs.mediapart.fr/alain-bertho/blog/250320/crise-sanitaire-faillitepolitique

5 - Et après ? Pierre Alain Lejeune - VOIR LE TEXTE

6 - Nous devons vivre avec l’incertitude - Edgard Morin (interview du 06.04.2020, par Francis Lecompte – CNRS Le journal - https://lejournal.cnrs.fr/articles/edgar-morin-nous-devons-vivre-avec-lincertitude

7 - Coronavirus : la dictature chinoise censure les médias, le public ignore le nombre de personnes contaminées. faut-il croire les déclarations officielles? peut-on combattre efficacement une épidémie sans liberté de la presse? - Frédéric Joignot - Blog ; Le Monde ; Journalisme pensif - 29.02.2020 - https://www.lemonde.fr/blog/fredericjoignot/category/chine/

8 - L'éthique de la recherche en  situation de crise sanitaire Jean-Gabriel Ganascia - CNRS le Journal - 09.04.2020 - https://lejournal.cnrs.fr/billets/lethique-de-la-recherche-en-situation-de-crise-sanitaire

9 - Vérité et Covid 19. Patrick Juignet - Philosophie Science et Société - 23.03.2020 - https://philosciences.com/

Voir l'article du même auteur : "Covid-19 du confinement au questionnement"

COVIV 19 DU CONFINEMENT AU QUESTIONNEMENT

Ou en sommes nous en 11.2022? Voir la dernière publication sur le sujet, par le même auteur

Covid-19 : RETOUR SUR LES DÉBUTS DE LA PANDÉMIE ET RÉFLEXIONS 2 ANS APRÈS

 

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C
C'est brillant, complet, humaniste, passionnément dérangeant, tellement vrai, au sens sémantique et philosophique du terme. Je me suis régalé. Bravo.
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B
Laurent, un grand merci pour ce tour d’horizon complet, historique, clair et documenté, état des lieux précis, synthèse globale, qui le laisse rien dans l’ombre. Mise en évidence des dysfonctionnements individuels et collectifs, à tous les échelons. Points de vue empruntés à la physique quantique qui mène à voir autrement selon un prisme qui n’est pas figé. Si après cet exposé les consciences ne se mobilisent pas, il y des quoi désespérer des hommes. Nous avons tous à quelque degré que se soit besoin nous libérer de la toute puissance de l’égo.<br /> Je voudrai signaler ce qui en moi me parle, à savoir :<br /> - L’identité véritable de l’homme quand il a quitté le leurre des apparences<br /> - Son lien étroit avec l’Univers<br /> - Sa responsabilité en termes de place et de mission<br /> - L’éthique et sa Vérité<br /> - Le bonheur parmi les valeurs que je qualifie de spirituelles, telles que la bonté, la justice, la paix<br /> Tout, semble t’il est régi par des lois quantiques, telles que la non localité, la non séparativité, l’impermanence, l’aléatoire, l’incertitude, qui laissent place à l’inattendu, l’imprévisible, lois propres à cette force unique qu’à recherché Einstein toute sa vie.<br /> La conscience (différente de la conscience analytique qui est la notre), qualifiée par certains d’extra-neuronale : elle nous englobe, nous traverse et mieux nous inspire, le meilleur possible, le plus juste, le plus cohérent, si nous savons nous mettre à son écoute. Plusieurs chantres de la médiation disent que c’est grâce au silence que nous pouvons créer en nous un espace non conditionné.<br /> L’enjeu de ce 21° siècle, grâce au Coronavirus est d’opérer un renversement total. Le travail qui nous incombe est celui d’une intériorité qui permet à la conscience d’être au premier plan, d’être accordée au vivant, être en toute humilité, partie du « tout », être dans la réceptivité, l’accueil bienveillant de la diversité, de la variété. Etre dans l’agir plutôt que dans l’avoir, admirer la nature, être dans la résilience, dans l’amour désintéressé. Passer d’une basse fréquence à une plus haute synergie, aider chacun à mobiliser ses capacités et ses talents.<br /> Bienvenues sont toutes les initiatives mettant la culture au devant de la scène (tout ce qui nourrit l’esprit, le corps et le cœur).<br /> « Voila un monde nouveau<br /> Ou l’âme est reine<br /> Ou mille soleils dansent<br /> A l’unisson, fiers<br /> De leurs révolutions »
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L
Très beau texte qui nous oblige à prendre de la hauteur sur une situation "extraordinaire". L'immédiateté des chaînes infos nous prive souvent de cette mise en perspective.
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D
J'ai beaucoup apprécié ton regard sur les temps que nous vivons, riche d'informations et de réflexions profondes, qui témoignent d'un humanisme que l'on aimerait voir plus souvent partagé. Bravo pour cette publication que je vais communiquer à mes enfants et à mes proches.
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S
Vie,<br /> <br /> Les rues se sont vidées, les rocades désertées.<br /> L'homme se tapit et se fait tout petit.<br /> Il a peur pour sa vie, lui qui a tant détruit.<br /> L'économie est à l'arrêt et les indices plombés.<br /> <br /> Mais, le Printemps ne le sait pas.<br /> Vingt Mars deux mille vingt.<br /> Le Printemps est là, il ne sait pas tout ça.<br /> <br /> Et, s'en donne à coeur joie.<br /> Les bourgeons prêts à éclater.<br /> Les fleurs à se transcender.<br /> Le soleil, à les inonder.<br /> Et, les oiseaux à piailler, pour leurs arrivées,<br /> Fêter !<br /> <br /> Alors, que l'ennemi est là, invisible et sournois.<br /> Qui sait où il s'arrêtera ?<br /> <br /> Le Printemps est là, il ne sait pas tout ça.
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D
Merci infiniment pour cet excellent article qui nous éclaire considérablement sur ce que nous vivons en ce moment. Aucune comparaison avec l'analyse des médias. Félicitations
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C
Merci pour cette lecture qui m'a permis d'apprendre beaucoup de choses. Il est sûr que nous devons profiter de cette épreuve pour revoir nos priorités et le sens que l'on peut donner à notre existence
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L
Je connaissais le médecin compétent et proche de ses patients et aussi le scientifique rigoureux et impartial... Je découvre ton côté "philosophe"; des propos plein de sagesse et d'honnêteté. Merci
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S
Bonjour Mr Vives, j'espère que vous allez bien. Des choses intéressantes...Mais,en sortie de Crise,on sait très bien que ça va repartir comme avant, avec quelques petits aménagements...Que la commercialisation à outrance va continuer à tout ravager, et relancer la pompe à fric...Chacun, dans son coin,otage plus ou moins consentant, du système mis en place par les plus puissants...Jusqu'à la destruction fatale... Sauf sursaut massif, solidaire et organisé, avec, pour seule volonté, le respect de la Planète et de le Vie qui l'anime...!!
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C
Merci Laurent. Je reconnais bien là ta claivoyance, ton sens de l'analyse et ton humanisme
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D
Merci pour cet article passionnant, qui m'a beaucoup appris mais aussi permis de prendre du recul et d'affronter avec plus de sagesse cette crise longue qui aura des effets bénéfiques pour retourner aux valeurs essentielles.
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L
Excellent, impressionnant. Je le diffuse. Le publies tu dans une revue? Dans tous les cas bravo. Guy
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R
Non on sait pas tout, mais grace a toi Laurent, je viens d'apprendre des choses,<br /> j'adore l'histoire,<br /> je pense qu'on est pas au bout,<br /> encore merci,
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A
Très intéressant, très beau travail. <br /> Un jour viendra couleur d'orange...<br /> Amitiés
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M
Merci pour ce beau texte.....et tout ce qu'il entraîne <br /> Amitiés <br /> Martine
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M
Magnifique Laurent. De la sagesse finalité de la réflexion...tout ton discours me conforte. Amitiés Claude
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