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LA VERITE : APPROCHE COLLABORATIVE ET CONTEMPORAINE

SAUVAGES, BARBARES, CIVILISES : de quoi parle t’on ? CIVILISATION, BARBARIE, SAUVAGERIE : quels concepts ?

2 Décembre 2020 , Rédigé par Laurent Vivès Publié dans #CIVILISATION

SAUVAGES, BARBARES, CIVILISES : de quoi parle t’on ?

Tous ces mots couramment  employés sont‘ils bien clairs dans l’esprit des gens et même des auteurs ou des spécialistes? Ne correspondent‘ils pas à des clichés, des poncifs, un imaginaire remanié au cours des siècles ? Quel est la part d’objectivité dans leurs acceptions actuelles ?

 

REVENIR A L'ARTICLE SUR LA NOTION DE CIVILISATION

 

RÉSUMÉ DES CARACTÉRISTIQUES ACTUELLEMENT ATTRIBUÉES A CHACUN DES 3 TYPES D’ÊTRE HUMAINS

 

SAUVAGE

BARBARE

CIVILISE

ORIGINE ET CHRONOLOGIE
Barbare - Sauvage - Civilisé

 

BARBARE - SAUVAGE - CIVILISE - BARBARIE - SAUVAGERIE - CIVILISATION

 

CIVILISATION - BARBARIE - SAUVAGERIE

 

 
Chasseur-cueilleur du paléolithique
Agriculteurs néolithiques et les sociétés à chefferie
Antique, médiévale et moderne
DEFINITIONS Qui vit retiré, à l’écart des civilisations, proche de la nature à l’état primitif Membre d'un groupe de personnes d'un pays ou d'une culture très différent qui est considéré comme moins avancé socialement et plus violent que le vôtre
Conforme aux exigences de la vie en société, civil
Règles de vie
communes
Vit en sociétés organisées

COMPORTEMENT

CARACTERE

Farouche, rude, grossier, brutal
Pas de contacts avec l’étranger, isolé
Parfois craintif
Non corrompu, naïf, simple
Envahisseur, guerrier Primitif, cruel, agressif
Irrespectueux
Destructeur
Sanguinaire
Hordes barbares
Respecte les autres
Adopte les bonnes manières
Paisible et poli
Bâtisseur
Progrès Techniques
Sciences et politique
CULTURE
Contact avec la nature
Culture empirique, adaptative
Techniques ancestrales
Peu ou pas instruit
Considéré comme non cultivé, mais peut avoir une « culture barbare »
Cultivé, bien éduqué, voire raffiné
Religion, Art, Culture
Citoyenneté

1 - L’homme sauvage apparait plus comme un mythe qu’une réalité, représenté au moyen âge, couvert de poils avec un gourdin. Il existe encore quelques très rares tribus inaccessibles qui refusent tout contact avec les autres humains. Il est le contraire de la civilisation. On peut y associer la notion de "pureté" de non corrompu, brut. A ne pas confondre avec de rares peuplades isolées dans les forêts tropicales qui ont une culture, une façon de vivre ainsi, organisées, avec un grand respect de la nature.

2 - Les Barbares étaient ceux que les Grecs ne connaissaient pas et qui parlaient une autre langue. Il n’y avait pas forcément d’idée d’infériorité à leur égard. Les Romains désignaient tous les peuples en dehors des frontières de leur empire.

Avec les « invasions barbares » leur image s’est considérablement dégradée aux yeux des quelques observateurs, dont Jérome de Stridon au début du 5° siècle : « Des nations innombrables et féroces se sont rendues maîtresses de la Gaule. Tout le territoire compris entre les Alpes et les Pyrénées, l'Océan et le Rhin a été dévasté par les Quades, les Vandales, les Sarmates, les Alains, les Gépides, les Hérules, les Saxons, les Burgondes, les Alamans, les Pannoniens… Mayence a été prise et détruite, et des milliers d'hommes égorgés dans l'église. Worms est tombé après un long siège. Reims, Arras, Tournai, Spire, Strasbourg, ont été transférées en Germanie, Aquitaine, Novempopulanie, Lyonnaise, Narbonnaise ont été dévastées ».

Par la suite les historiens (allemands) ont abandonné le terme « d’invasions barbares » pour celui de « migrations ». Ces premiers mouvements ont débuté au 3° siècle ou les peuples de l’Europe de l’Est et du Nord avaient des problèmes de nutrition (climat froids, terre arides) et se trouvaient pourchassés depuis l’Est par les Huns, alors que l’Empire Romain aux vastes frontières et au terres riches attiraient leur convoitise. Ainsi l’Europe de l’Ouest et du Sud a vu défiler nombre de peuplades armées, en commençant par les vandales et pour se terminer à Toulouse, avec les Wisigoth et la prise de Rome.

L’exactitude de toutes les violences et des pillages rapportés n’est pas bien vérifiable. La plupart de ces peuples ont élu domicile dans les pays conquis et après avoir pris le pouvoir ont vécu avec les autochtones, adoptant souvent leurs mœurs et leurs cultures.  

Il convient de rapporter ici les propos de l’historien archéologue Jean-Paul Demoule, publiés dans son blog le 22 janvier 2016 ( http://www.jeanpauldemoule.com/barbares-et-civilisations/ ) : « De fait les « barbares » n’ont pas toujours été regardés de la même façon. Tacite avait fait des Germains de « bons sauvages », qu’il opposait aux mœurs dissolues de sa Rome antique. Le Moyen Âge a été sévère à leur égard et créa la légende de ces « fléaux de Dieu » ; mais cette époque fut à son tour « barbarisée » à l’âge classique, qui traita son art de « gothique », c’est-à-dire « digne des Goths », cependant que la noblesse d’Ancien Régime se réclamait d’une ascendance franque, et donc barbare. La Révolution, avec l’abbé Siéyès lui rendit la politesse en invitant ces « sauvages sortis des bois et des étangs de l’ancienne Germanie » à retourner là d’où ils venaient – ce que beaucoup firent, avant de revenir dans les fourgons de la Restauration. Le romantisme allemand au contraire, prenant Tacite au mot, réhabilita les barbares dont le sang neuf et viril aurait eu raison de la décadence romaine ».

Il poursuit : « Vient la Troisième République, née d’une défaite contre l’Allemagne…. Dans la construction du roman national français que va diffuser la toute nouvelle école publique, les barbares redeviennent barbares, et vont le rester durablement. Les pages des manuels scolaires illustrent en images éloquentes les hordes sauvages déferlant sur notre pays. Il faut aussi se tirer d’un douloureux paradoxe : les Francs, qui ont donné son nom à la France, à sa langue et à sa monnaie, sont des Germains. On tâche de gommer cette germanité des débuts de l’histoire officielle, tantôt en barbarisant les « rois fainéants » mérovingiens, tantôt en francisant ce qui pouvait être sauvé ». « L’archéologie et les barbares : avec le développement de l’archéologie préventive durant les trois dernières décennies, le tableau changea radicalement – grâce aussi à une relecture critique des sources historiques qu’illustrent les travaux de Bruno Dumézil en France, de Walter Pohl en Autriche ou encore de Florint Curta aux Etats-Unis. L’archéologie ne témoigne en effet d’aucun cataclysme généralisé, dans lequel aurait péri, sous les coups des barbares, tout le monde civilisé…. Les « barbares », on le sait, ne voulaient nullement détruire l’Empire, mais au contraire s’y intégrer, même s’il y eut parfois des mouvements violents. Les rois barbares se faisaient représenter en empereurs romains, Charlemagne compris, et tous les barbares se convertirent au christianisme, dans ses différentes variantes d’alors. La grande bataille des Champs Catalauniques où furent repoussées en 451 les armées d’Attila, officiellement emblématique du combat des forces du Bien contre le Fléau de Dieu, opposait en réalité deux coalitions de peuples germaniques, au gré de ralliements de circonstances….. Et si l’on invoque les « racines chrétiennes de l’Europe », c’est précisément dans l’Europe barbare qu’elles prirent naissance ».

Voici bien la difficulté d’interpréter l’histoire et la tendance des chroniqueurs à la subjectiviser.

3 - La Civilisation : selon notre article, la définition et les concepts ne sont pas bien clairs pour tout le monde en 2020, et le terme bien que largement utilisé est encore discuté... De plus ses relations avec la barbarie (selon l'image habituelle que l'on s'en fait), sont floues, car la civilisation a conduit à des actes et des périodes de barbarie : il n’y a pas eu que les invasions Barbares, et les exemples d’atrocités et de massacres sont légions dans l’histoire de l’humanité, y compris civilisée comme les allemands dans les années 1941-45, Hiroshima en 1945, les génocides des minorités, les massacres en Serbie et en Croatie et inter-ethnies en Afrique etc.

4 - La perception des choses au 18° siècle à travers le travail de Jean Luc Chappey et al "Barbares Sauvages et Civilisés, contradictions et faussetés" paru en 2020, dans société française d'études du 18° siècle (BARBARES, SAUVAGES ET CIVILISÉS. CONTRADICTIONS ET FAUSSETÉS. Jean-Luc Chappey, Sébastien Côté, Maxime Gohier, Sylviane Léoni, Jean-FrançoisLozier, Pierre Serna, Camille Société Française d'Étude du Dix-Huitième Siècle | « Dix-huitième siècle »2020/1 n° 52 | pages 11 à 2). Il s'agit d'une étude complète et détaillée qui commence par "les ténèbres de la barbarie" ou sauvage et barbares se partagent l'invective traduisant le peu d'altérité de l'époque envers ceux des forêts, des pays lointains, des non chrétiens. Platon et Montaigne qui s'étaient opposés à cette dichotomie abrupte entre "eux et nous", n'avaient pas encore été entendus. Si la requalification du "bon sauvage" se fait jour elle ne concerne pas encore l'obscurantisme barbare opposé au siècle des lumières. Il faudra attendre le milieu du siècle pour les voir promus au rang de valeureux ancêtres de la noblesse. Ce fut de courte durée ils sont ensuite à nouveau sortis par hordes des forêts Nordiques pour détruire la civilisation. En même temps le 18° se civilise, avec le confort le luxe les bonnes manières, et même si quelques écrivains ont été attirés par la force et la violence (facteurs de régénérescence de l'empire Romain décadent), les aristocrates et les bourgeois ne s’intéressent aux sauvages et barbares que pour essayer de les civiliser et les évangéliser.

Outre Atlantique de nombreux observateurs amènent à mieux connaitre les "Sauvages" des Amériques, et leur image en bénéficie (notamment les sauvages du Canada qualifiés, d'intelligents polis et instruits, contrairement aux barbares).

Avec les révolutions des deux côtés de l'Atlantique les conceptions et les images se renversent, mais les vocables de barbare et sauvage sont utilisés, cette fois ci à l'encontre de ceux qui ne pensent pas comme nous et qui sont d'ans l'autre camp (Républicains et Royalistes, progressistes et réactionnaires...)

En 2020 les "barbares et les sauvages" sont légions dans les qualificatifs attribués à nos contemporains violents, incivils, grossiers, agressifs. Finalement ces termes "ont la vie dure"

5 - En conclusion : malgré toutes les nuances mis en lumière dans les lignes précédentes, l’humain civilisé et le sauvage sont assez facilement définissables. Pour les Barbares, c'est plus délicat, car ils ne sont pas toujours ce que l’on croit, et il y en a eu beaucoup dans nos civilisations. Que faut‘il penser maintenant des creuseurs des mines, des déforesteurs massifs, des destructeurs des fonds marins par la pêche industrielle, des dictatures et des guerres encore actives en 2020 (entre autres)?

 

 

SAUVAGE BARBARE CIVILISE HISTOIRE DEFINITIONS

 

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